DÉCLARATION POLITIQUE DE LA COCAL X
COALITION DU PERSONNEL ENSEIGNANT PRÉCAIRE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR (COCAL)
VILLE DE MEXICO, 9-12 AOÛT 2012
Nous, le personnel enseignant précaire en enseignement supérieur du Mexique, du Canada, du Québec et des États-Unis, réunis à la ville de Mexico en 2012, et nos amis et collègues qui soutiennent nos idéaux, déclarons ce qui suit :
L'humanité subit les effets d'une grave dégradation environnementale, d'une inégalité croissante, et de difficultés sociales, politiques et économiques à l'échelle mondiale. Ces circonstances difficiles exigent que nous fassions appel à notre intelligence collective afin de trouver des solutions. Le milieu universitaire ainsi que les syndicats, les partis politiques et les médias sont des acteurs essentiels au développement d'un futur démocratique en mesure de relever le défi. Nous nous engageons à travailler en ce sens avec nos nombreux collègues et camarades qui partagent nos opinions, unis par la conviction qu’étant au service de l'élite néolibérale du monde des affaires, nos institutions doivent être reconstruites.
En tant que personnel œuvrant en enseignement supérieur en Amérique du Nord, nous devons composer avec des conditions de travail précaires qui découlent de trois décennies de politiques néolibérales. Ces politiques ont des conséquences sur les conditions de vie et de travail de la plupart des travailleurs de même que sur le bien-être collectif en général. Dans le domaine de l’éducation supérieure, ces politiques néolibérales ont restreint la marge de manœuvre des enseignants en créant de nombreux postes administratifs bien rémunérés pour gérer les activités du régime d'enseignement supérieur, et attribué un statut de clients et de consommateurs aux étudiants. Globalement, ces politiques ont des répercussions pernicieuses qui entrainent la privatisation graduelle de l'éducation, la commercialisation de l'enseignement et des services de soutien ainsi que des restrictions sur les inscriptions et la recherche, le tout au profit des privilégiés, sans tenir compte des besoins sociaux de la majorité. Des millions de jeunes dans le monde entier — surtout en provenance des milieux pauvres ou des classes ouvrières — se voient refuser l'accès à une éducation gratuite et de qualité. On leur nie ce gage d'émancipation individuelle et collective.
Partout dans le monde, les étudiants, les travailleurs et toutes les personnes désireuses de justice et de liberté ont commencé à s'opposer de manière proactive et avec énergie au maintien de ces politiques néolibérales. Nous, qui représentons plus de soixante-dix pour cent du personnel en enseignement supérieur, dont les conditions de travail précaires ne constituent pas des cas isolés, mais bien une nouvelle norme, nous nous considérons comme les nouveaux acteurs politiques en enseignement supérieur et nous affirmons notre solidarité. Nous lutterons sans cesse pour changer ces conditions et nous sommes réunis à la COCAL X pour exprimer notre engagement et notre devoir envers la démocratie et le bien commun, valeurs adoptées et définies dans les constitutions de nos nations, ainsi que dans des ententes signées devant des organismes internationaux comme l'ONU et l'UNESCO. Nous militons en faveur de l'élaboration et de l'application de politiques et de pratiques éducatives et sociales qui respectent « l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations », comme mentionné dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, laquelle, en laissant de côté une compréhension des droits centrée sur l'État, lance un appel à toutes les nations du monde pour accepter que « la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. »
Cette dixième conférence de la COCAL est l’occasion de faire un bilan du travail accompli au cours des seize années d’existence de la coalition ainsi que d’approfondir et d’améliorer la coordination, la coopération et la solidarité entre le personnel en enseignement supérieur, les syndicats et les associations d'enseignement supérieur d'Amérique du Nord et d'ailleurs. Nous agissons ainsi en étant parfaitement conscients des responsabilités de l'enseignement supérieur dans le développement des possibilités démocratiques fondées sur le respect des droits universels de la personne. Dans cet esprit, nous chercherons toujours à nous unir et à établir des liens de solidarité avec les travailleuses et travailleurs œuvrant dans d'autres domaines, ainsi que les organismes indépendants et démocratiques qui les représentent, car ce sont des éléments essentiels dans la lutte pour un monde meilleur et équitable pour tous les habitants de notre planète.
Par conséquent, nous, le personnel enseignant précaire en enseignement supérieur du Mexique, du Canada, du Québec et des États-Unis présent à la réunion de la COCAL X, présentons cette déclaration politique afin d’informer les gens de nos nations et de les inviter à travailler avec nous à l’atteinte d’un objectif commun : l'amélioration des droits sociaux et démocratiques en éducation et le bien-être pour tous, à l'intérieur et au-delà de nos frontières nationales.
Nous, les soussignés, l'affirmons dans la présente.